On commence à bien connaître Brice Hortefeux, le serviteur préféré de Sarkozy. Affligeant comme ministre de l’Immigration, carrément nul au ministère du Travail dont il a fallu l’exfiltrer avant qu’il ne plombe tout l’édifice sarkozyste, l’homme est désormais en charge du ministère de l’Intérieur où il ne cesse d’accumuler les bourdes. La dernière ne date que de quelques heures, mais elle est à la hauteur du personnage : pathétique ! …
On savait que les Grecs envisageaient d’édifier une clôture de 12,5 km pour séparer, aux abords du fleuve Evros, leur territoire de la Turquie voisine afin d’endiguer les flux migratoires illégaux. En visite à Athènes ce jeudi 27 janvier, Brice Hortefeux vient d’apporter un soutien sans ambiguïté à ce consternant projet. Un projet auquel sont opposés l’ONU et l’Union Européenne. Alain Salles, sur le site Le Monde.fr, cite un porte-parole de la Commissaire en charge de la Sécurité : « Les murs ou les grillages sont des mesures à court terme qui ne permettent pas de s’attaquer de manière structurelle à la question de l’immigration clandestine. » Un discours de bon sens que notre rubicond ministre n’entend manifestement pas plus qu’il n’a vu tomber la neige en décembre, préférant s’aligner sur les méthodes « humanistes » de la RDA de Walter Ulbricht ou de l’État d’Israël d’Ariel Sharon. On attend l’étape suivante : que notre brillant ministre propose aux autorités grecques le concours d’EDF pour électrifier le dispositif en haute tension létale, et qu’il profite de ses contacts en Grèce pour refourguer – fut-ce à prix bradé en cette période de soldes ! – les munitions initialement destinées à l’« ami » Ben Ali, ce démocrate bien connu du Maghreb parti jouer dans le sable saoudien avec le seau en or et la pelle en platine que lui ont offert les Tunisiens en témoignage d’affection.
Sacré Hortefeux. Déjà condamné à deux reprises par la justice en première instance – dans l’exercice de ses fonctions ! – pour injure raciale et pour atteinte à la présomption d’innocence, notre délinquant ministre de l’Intérieur tient manifestement à donner de sa personne pour faire acte de pédagogie et, par l’exemple, illustrer le mot « récidive » dont il nous rebat les oreilles, à l’image de son mentor et prédécesseur à Beauvau. Illustrer, mais pas au point toutefois de vouloir appliquer à lui-même ce qu’il préconise pour les justiciables. Et, soyons justes, on le comprend quand on lit dans Le Figaro du 21 janvier les paroles martiales, rapportées par Le Canard Enchaîné, qu’il a prononcées : « Après avoir identifié et interpellé un suspect, si celui-ci s’avère coupable, il doit être mis hors d’état de nuire. »
Diable ! « Mis hors d’état de nuire » signifie, sauf erreur de ma part, définitivement placé dans l’impossibilité de récidiver. Brice Hortefeux entend-il par là rétablir la peine de mort, réhabiliter la bascule à Charlot pour écarter tout risque de rechute, fut-de pour un vol de string aux Galeries Lafayette ou une fausse déclaration aux Assédic ? Ou son propos vise-t-il, de manière moins radicale mais plus pragmatique dans son esprit de Premier flic de France ras la casquette, à prévenir la récidive en mettant en œuvre des traitements adaptés à chaque type de délinquance ou de criminalité : par exemple couper les deux mains d’un voleur à la tire, crever les yeux d’un voyeur compulsif, ou pratiquer l’ablation du pénis d’un violeur ?
En l’état actuel des déclarations de notre sous-Matamore, on se perd en conjectures. Mais sans doute en saurons-nous plus lors d’un prochain fait divers. Car, comme son maître Sarkozy, Hortefeux est un compassionnel que la souffrance des autres atteint dans son cœur et dans sa chair, du moins est-on prié de le croire. D’où ses déclarations à l’emporte-pièce, ni calibrées, ni réfléchies, ni a fortiori sensées car élaborées dans la tête quelque peu déficiente d’un ministre qui met dans le même sac toutes les atteintes à la loi, qu’il s’agisse de délinquance ou de criminalité. Avec, en filigrane, un principe simple, pour ne pas dire simplet : « qui vole un œuf vole un bœuf », que notre habitué des prétoires (côté prévenu) pourrait traduire sous une forme américaine plus à même de séduire Sarkozy : « qui vole un oison, vole un bison ! »
Putain, encore 16 mois !!!
Précédent article consacré au même personnage (9 décembre 2010) : Hortefeux : il n’y a pas de pagaille !Hortefeux : « Il n’y a pas de pagaille ! » | CentPapiers